[Chronique de Rafael Varela] Avez-vous déjà entendu parler des alpages volants ? Le nom est marrant mais le sujet est (très) sérieux ! Il s’agit d’un curieux projet de recherche mené par l’UGA, en partenariat avec l’Université de Savoie-Mont-Blanc et le CNRS, qui vise à étudier comment le sol, les plantes, les bactéries et les insectes réagiraient à un réchauffement brutal de 3 degrés.
En Hautes-Alpes, le 28 septembre dernier, une opération spectaculaire a eu lieu pour déplacer 80 m2 de prairies (environ une tonne de vegetation) en hélicoptère à différentes altitudes. D’où le nom « alpage volant ». La moitié de cet échantillon a été prélevé au col du Galibier à 2500 m d’altitude et déposé 600 mètres plus bas, au col du Lautaret. Et l’autre moitié a fait le chemin en sens inverse. Cette différence d’altitude correspond aux 3 degrés d’écart de température.
Ce projet a en effet commencé en 2016 et depuis lors, ce sont 12 tonnes de végétation ont été déplacées
Pourquoi ces bout de prairies ont été transplantes à cet endroit?
L’endroit est stratégique : le col du Lautaret est très riche en biodiversité On y trouve plus d’un tiers de la flore française dans un rayon de 20 km. Cette richesse est aussi présente sous terre et ça c’est très important pour étudier, par exemple, l’impact du changement climatique dans les différentes chaines alimentaires.
Un autre point important, on y trouve aussi Le jardin alpin du Lautaret, unité mixte de recherche de l’UGA et du CNRS. Elle est composée de plusieurs jardins et plateformes expérimentales. Y compris le plus haut jardin botanique d’Europe, ouvert au public de juin à septembre et qui accueille 20000 visiteurs/ par an.
Cette étude va durer encore une dizaine d’années et le dernier rapport du Giec prévoit une hausse de température d’environ 3 degrés à la fin du siècle.
Il n’existe pas, à ce jour, un modèle scientifique fiable capable de prédire avec certitude les effets du réchauffement climatique sur les la biomasse et les organismes vivants. Le projet « Alpages volants » est une simulation accélérée qui peut permettre aux scientifiques de calibrer ces modèles, d’anticiper des impacts et de réfléchir à des solutions pour minimiser les dégâts provoqués par changement climatique qui impacte déjà nos vies
Une étude publiée récemment par le magazine Nature démontre qu’au moins 85 % de la population mondiale est déjà affecté par des dérèglements climatiques induits par l’activité humaine.
A la veille de la Cop26 qui commencera demain en Ecosse, on se rend compte qu’il va certainement falloir s’adapter et vivre avec ces changements, vu qu’une réduction drastique des émissions de gaz a effet de serre parait invraisemblable à court terme.
Je ne vais pas finir cette chronique sur une note pessimiste, mais plutôt avec une invitation :
- Allez visiter l’exposition sur l’histoire de l’UGA au musée de l’ancien Eveché, à Grenoble
- Allez visiter le jardin botanique du Lautaret l’année prochaine lors de sa réouverture.
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