Il y a quelques jours, coincée dans le RER B station Laplace, j’entends, plutôt j’écoute, la conversation animée de mes voisins de boite de sardines.
Un homme, d’un âge incertain, plutôt grisonnant, racontant à sa compagne de mobilité urbaine, qu’une certaine Agathe, s’était bien programmée à son nouvel emploi.
Je ne saurai pas bien expliquer pourquoi cette phrase, somme toute anodine, me resta en tête toute la journée, voir même pendant quelques jours. C’était comme si elle s’était inscrite dans ma carte mémoire.
Autre moment de ma vie trépidante, ma fille, 9 ans et 34 semaines, qui me raconte que son copain Marin, est un véritable « Google ». Passé un bref instant pendant lequel j’ai buggé sur ce terme, je réalise, premièrement, que Marin est certainement un garçon très intelligente et que ma fille devrait le fréquenter plus souvent, et deuxièmement, qu’une petite initiation à Qwant ne serait pas négligeable.
Un peu de patience, je n’ai pas encore cédé au très haut débit.
La troisième anecdote devrait plus te mettre la puce à l’oreille.
Hier matin, je vois ma collègue particulièrement désappointée derrière son poste de travail. Le moment idéal pour lui proposer une pause café. Durant l’échange de données qui accompagne cet apport caféiné, le cookie en plus, elle me fait part de son fort besoin « de se déconnecter, de se mettre en veille ». Ce sont ses termes.
Évidemment je ne peux que comprendre ce besoin de prendre du temps pour réorganiser son disque dur. On a tous besoin de se défragmenter un peu, c’est normal.
Pas plus tard que la semaine dernière Je suis tombée sur un article de Santé Magazine qui titrait « Comment éteindre notre cerveau pour bien dormir ».
C’est quand même assez fou ça non, prendre notre cerveau pour un ordinateur ? Je trouve cela particulièrement choquant que quand on parle de l’humain, on en parle comme de machine. Comme si on était entré dans un monde de double pensée : je suis entourée de machines dont je ne peux plus me passer (ordinateur, smartphone, …) et je deviens une machine à mon tour. Et ça, on le retrouve dans le langage de tous les jours !
Alors certes, ce n’est pas bien nouveau.
Cela fait bien longtemps que la mécanisation de l’humain, ou la tentative de mécanisation de l’humain existe et se propage sous une certaine forme d’idéologie. Mais attention, la machine est déterminée par autre chose qu’elle-même. Si on se met à parler de nous-mêmes comme de machines, cela veut aussi dire qu’il nous est possible de nous programmer, de nous conditionner, de nous mettre dans un système d’exploitation qui nous retire toute humanité. Et là je dis qu’il est temps, qu’il est vraiment temps de sortir le menu déroulant et de cliquer sur STOP. Arrêtons de nous prendre pour des machines à exécuter, à calculer, à naviguer. Nous valons beaucoup plus que ça.
Redevenons des êtres sensibles, imprévisibles, illogiques, spirituels, drôles, fous parfois aussi.
Bref il est temps d’ouvrir une nouvelle session et de tout reconfigurer.
Votre commentaire